Maître, c’est quoi les cyberviolences ? – Nov 2018


Le CIDFF de la Vienne (Centre d’information du droit des femmes et des familles), en association avec le réseau des « violences conjugales » de la Vienne a organisé une journée contre les cyberviolences au sein du couple à la Maison pour tous de Châtellerault à l’occasion de la Journée internationale contre les violences à l’égard des femmes (ONU).

A l’initiative d’Isabelle Watel (psychologue clinicienne du CIDFF), les jeunes de la Mission locale et de l’école de la deuxième chance de Châtellerault étaient invités en cet après-midi du 23 novembre pour assister à une conférence, animée par Maitre Roy (avocate au barreau de Poitiers), d’1 heure 45 sur le Code Pénal… sans même la possibilité d’interagir ni même de poser des questions… C’était sans compter la présence invisible de notre équipe…

Il n’a fallut que 3 minutes pour que les premiers smartphones sortent et que les jeunes décrochent de ce discours juridique et austère. Heureusement, notre équipe est très vite intervenue en force pour demander au public si la méthode utilisée était la bonne… Réponse collective: Non!

Alors au revoir Maître et à bientôt… et bonjour l’interactivité une fois les portables rangés.

Nous avions prévu 4 scènes pour illustrer la thématique, engager le débat et surtout agir dans la partie théâtre forum.

Une fois l’interaction lancée, les langues se sont déliées, laissant apparaître les premiers préjugés. C’est ainsi que nous avons pu entendre à propos de Natacha, notre personnage victime de cyberviolences à caractère sexuel (publication d’une photo trafiquée avec collage de son visage sur une photo pornographique): « Mais monsieur, c’est elle le problème, elle se laisse faire, elle est trop faible aussi ! » Bah oui, tant qu’à faire, c’est de la faute de la victime pas de l’agresseur…

Un garçon, placé au milieu du deuxième rang,  m’a touchée par son émotion, ses réflexions, ses questions, son regard surtout… il était en pleine remise en question.

Il y eut aussi cette jeune fille qui, au sujet de Natacha (notre personnage qui, cette fois-ci a accepté de faire une photo seins nus pour son amoureux) a dit spontanément: « Mais il faut jamais faire ça ! Moi jamais je ferai ça ! »

Elle s’est levée pour améliorer la situation et manque de chance sa proposition a amené encore plus de violences, et surtout elle ne s’est même pas rendu compte qu’elle laissait la victime sur le côté, sans même une parole, ni aucun regard….

Heureusement, nous avions avec nous Maître Roy et maintenant que la réalité éclatait en grand jour, il fallait la faire revenir « sur un tapis rouge »  pour qu’elle puisse nous donner une lecture différente de nos scènes et des solutions apportées par le public (qui parfois n’en sont pas vraiment…). C’est ainsi que le public a pu prendre conscience des limites d’une réaction sans réflexion!

Le soir venu, nous avons pu recommencer devant le grand public châtelleraudais avec une soirée pleine d’échanges et d’émotions.

Ce qui m’a touchée, ce qui me reste de cette journée/soirée passée à la Maison pour tous, c’est beaucoup d’amour. C’est une bulle d’humanité, chacun-e peut venir avec ce qu’il-elle est, d’où qu’il-elle vienne, quelque soit sa culture, la couleur de sa peau, son sexe, la parole trop forte ou maladroite, sa gueule de travers….

Les personnes qui travaillent là forcent mon admiration. Il y a des espaces en France où on peut être accueilli, il y a des gens en France travailleurs ou bénévoles qui font tout ce qu’ils-elles peuvent pour les autres qui en ont besoin.

Ce petit coin de salon devant le bar / cuisine, c’est chez toi, c’est chez moi.

Merci!

Marie Abela