Des hommes en réflexion – Nov 2018
A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes (ONU), la Cie Noctilus Théâtre était invitée en détention à la Maison d’arrêt de Niort (79), pour une représentation sur les violences entre conjoints.
Toujours cette salle sombre à l’entrée un peu exigüe, ce mur peint de deux points se libérant de ses chaines avec cette phrase inscrite signée de Nelson Mandela : « C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus. »
Ils sont 11 cette fois ci. Un bon groupe. Pas de tensions. Lydie Griffault (animatrice culturelle de la Maison d’arrêt) a cette fois choisi de sélectionner des détenus qui sont tous là pour violences sur conjoint.
Les traces de l’alcoolisme avancé sont visibles chez certains.
Un homme dans le coin à droite, dans ce cas justement, semblant mal dans son corps, très difficile pour lui de s’exprimer, il ne nous quittera pas des yeux… je garde encore en mémoire la détresse de ce regard…
Nous avons en tête que notre séance sera plus sur la violence entre conjoints que la violence conjugale.
Nous préciserons d’ailleurs à un moment cette subtilité de langage : dans l’expression » femme battue « , il est apposé un adjectif qui peut sous tendre une forme de responsabilité de la victime, mais surtout l’auteur n’est pas cité. Dans l’expression « violences faites aux femmes », il y a amélioration mais encore une fois l’auteur n’est pas cité.
L’expression « Violence des hommes envers les femmes » est donc plus juste.
Ces regards…. je parle de ceux perdus, dans l’incompréhension. Je parle d’autres, mêlés à la fois de certitudes et d’envie d’en démordre avec elles.
Trois garçons à l’arrière silencieux, ne perdent pas une miette de ce qui se dit.
Un homme plus âgé devant, un peu dans son monde. Il sera appelé deux fois par un surveillant. On a cambriolé son domicile.
A. s’est retrouvé dans chacune de nos scènes. Il a besoin que sa femme soit apprêtée de marques, de strass et bien maquillée pour sortir avec lui , devant les copains. Il la modèle à son image comme une poupée.
6ème incarcération , toujours pour les mêmes raisons.
Il a envie de changer des choses . Il a écrit sur notre livre d’or, en gros, dans une écriture claire et limpide, et en ayant pris soin d’encadrer le tout :
« Je me suis vu dans plusieurs scènes. Je vais plus réfléchir les portes de sorties, a partir de maintenant » A.
Marie Abela