1 200 employés sensibilisés sur les comportements inappropriés au travail – Nov 2017
A la demande du CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) de l’agglomération du Pays Châtelleraudais, nos comédiens sont intervenus pendant 2 jours sur les comportements inappropriés au travail.
« Mais qu’est-ce qu’on fout là au juste? ». « J’en sais rien, c’est sûrement encore du blabla de gens qui ne connaissent même pas nos conditions de travail et qui viennent nous faire la morale! » a-t-on pu entendre sur le parvis de la salle de spectacles de l’Angelarde ce matin du mardi 7 novembre 2017. Pour nous, une chose est sûre,
nous ne sommes pas là pour voler la parole de ces employés.
» Pour la première action de prévention collective sur les comportements inappropriés au travail nous avons choisi une forme interactive pour mettre en lumière la responsabilité de tous » explique Aurélie Lanquetot, psychologue du travail pour l’agglomération du Pays Châtelleraudais.
Par quel bout prendre un thème si vaste que « les comportements inappropriés au travail »?
Pour cela, il nous a fallu nous mettre dans la réalité de ceux qui souffrent parfois quotidiennement dans leur vie professionnelle… Mais de quoi peuvent souffrir les gens au juste?
En nous inspirant de témoignages vrais, de scènes vécues, nous avons préparé cette intervention sur mesure, en essayant de mettre le doigt sur le dérapage qui devient inacceptable, sur la question de trop, sur l’étiquette réductrice, sur la peur, le sentiment d’être manipulé, ou à bout, prêt à exploser ou juste épuisé. Car « l’inapproprié » s’il reste subi, ne peut mener qu’à une situation de souffrance.
Ainsi, nous avons choisi d’illustrer différentes discriminations possibles dans le milieu professionnel : le handicap, le racisme, la discrimination basée sur le genre (envers les femmes comme envers les hommes), le rapport de pouvoir hiérarchique, les blagues graveleuses, la drague « bien lourde », jusqu’au harcèlement sexuel.
Il y eut beaucoup de réactions dans le public, des pensées exprimées à voix haute, une libération de la parole et une communication entre des agents de tous types de services, hiérarchie mêlée, de tous âges, hommes, femmes…
J’ai été particulièrement touchée lorsque pendant les pauses, entre les différentes représentations des personnes sont venues me voir yeux dans les yeux pour me dire : « Ce que vous venez de jouer, j’ai vécu exactement la même chose « , puis se sont livrées spontanément. C’était comme leur offrir une reconnaissance. Les prendre en compte. J’ai été également touchée de savoir que dans l’assistance se trouvait une jeune femme qui avait porté plainte pour harcèlement sexuel et que certains de ses collègues, qui n’avaient pas osé témoigner légalement, le soient aussi.
En tant que comédienne intervenante et citoyenne, j’ai trouvé la démarche de cette ville exemplaire. Courageuse. Offrir un tel espace de parole, sans craindre qu’elle ne s’exprime librement et avec ce souhait de mélange, donc de rencontre, est une démarche actuellement remarquable à une époque où la loi de l’efficacité et du profit semble primer sur nos valeurs humaines communes et sur nos émotions. Nous avons apporté notre modeste pierre à ce vaste projet de société, dans l’écoute et la bienveillance et j’en suis fière.
Léa Dant et Didier Nourrisson